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Voilà là un sujet délicat mais néanmoins crucial pour toute personne ayant connu une expérience fionique dans sa vie. Je ne recommande pas la lecture de cet article à quelqu’un qui serait encore empêtré dans une relation fionique, ou à quelqu’un qui s’en serait fraichement extrait, car, avant de survoler ses profondeurs brumeuses, il me semble incontournable de prendre conscience de l’expérience traumatique qui vient d’être vécue, de se dégager de la culpabilité écrasante ressentie, d’extérioriser sa colère (un jeu de fléchettes sur la tronche de votre fion(ne) me semble parfaitement indiqué oui !), de s’apporter enfin un peu de bienveillance, de douceur et de repos. Quand ces longs mois de convalescence seront passés, vous serez enfin prêt(e) à faire une exploration de vous-même, de votre histoire familiale et personnelle, de vos mécanismes psychologiques (si l’envie et le besoin s’en fait sentir bien entendu), de sorte à repérer d’où le mal est venu. Car, oui, avant de se manifester à l’extérieur de nous, le germe du problème qui nous intéresse est avant tout en nous…

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Cet article n’a pas la prétention de dégager un pattern qui s’appliquerait à toute victime d’agissements fioniques. C’est impossible bien sûr, chaque cas, chaque histoire de vie est unique. Cet article vise à vous sensibiliser à des mécanismes totalement inconscients qui sont à l’œuvre dans nos relations (professionnelles, familiales, amoureuses), et qui nous prédisposent à jouer tel rôle plutôt qu’un autre. Avoir conscience de ces mécanismes est un moyen de rembobiner le film (d’horreur ?!) et de remonter là où tout a commencé. Très souvent, ce film commence il y a longtemps, bien longtemps avant la rencontre fionique…

1. La famille, ou une zone de confort pas toujours confortable !

 

La première chose à envisager est la présence d’un parent (ou d’une figure d’attachement) fionique… Le courant psychanalytique (freudien notamment) postule que l’enfant est amoureux du parent du sexe opposé (il peut, bien sûr, être amoureux du parent du même sexe, ce qui n’a rien à voir avec une éventuelle homosexualité, et ce qui n’a rien à voir avec un désir sexuel d’adulte non plus). Ce sont les fameux complexes d’Œdipe (pour un petit garçon), et d’Electre (pour une petite fille). A l’âge adulte, il n’est donc pas surprenant de rechercher inconsciemment un partenaire à l’image du parent pour lequel le sujet avait une attirance amoureuse enfant. Ainsi, si ledit parent était un pervers narcissique, la personne concernée recherchera inconsciemment ce type de partenaire plus tard. Celui-ci incarnera un être sécurisant rappelant la « zone de confort » dans laquelle s’est construit le sujet, zone de confort dans le sens « zone où l’on a ses repères et ses mécanismes d’adaptation », et non pas (nécessairement) dans le sens de « zone aimante ayant favorisé le bien-être et l’évolution optimale de l’enfant ». Dans ce cas donc, il est probable que la personne n’ait jamais conscientisé le fait d’avoir un parent fionique…

 

Mais ce n’est pas toujours le cas. Il est possible que le sujet ait réalisé, dès l’enfance, qu’il avait à faire à un parent dysfonctionnel. Il ne le qualifiera pas de pervers narcissique, de manipulateur pervers, ou de fion(ne) s’il a déjà tendance à la vulgarité (!), mais il peut avoir pris conscience de cette problématique au travers d’une maltraitance subie et/ou observée, puisque cette maltraitance peut s’exercer sur lui, ses frères et sœurs, et/ou sur l’autre parent… Malheureusement, le fait de réaliser le caractère dysfonctionnel du couple parental ne suffit pas à s’immuniser contre une reproduction du même schéma à l’âge adulte. Pourquoi ? Pour tout un tas de raisons qu’il me serait impossible de décrire ici (ça mériterait un autre site !). Pour n’en citer que quelques unes, des plus au moins conventionnelles (mais non pas moins pertinentes) :

 

- L’enfant encode inconsciemment ce qui n’est pas « sain » comme quelque chose de « normal » (pour reprendre cette histoire de zone de confort, l’enfant encode son environnement dysfonctionnel et non sécurisant comme une zone de référence dont il maîtrise les codes de conduite) : l’enfant a donc un programme psychologique (j’oserais presque dire un programme cognitif) construit autour du fionisme (subi). Si vous pensez que ce mécanisme psychologique vous concerne, je vous invite à vous intéresser à la psychologie conventionnelle, et notamment au courant psychanalytique (freudien, jungien, etc…)

 

- L’enfant reproduira son modèle parental dans sa vie de couple, par souci de ne pas trahir ses parents en ayant une vie de couple plus épanouissante que la leur : Ce désir (inconscient le plus souvent) de ne pas trahir ses parents se voit fréquemment dans les choix professionnels : par exemple, une personne n’accèdera jamais à un poste important non pas parce qu’elle n’en est pas capable, mais parce qu’elle ne veut pas faire de l’ombre à ses parents qui n’ont jamais pu faire de grandes études. Là encore, la psychologie psychanalytique évoque ce mécanisme, mais aussi des courants non universitaires telle la psychologie généalogique.

 

- L’enfant est lié à sa famille par des loyautés familiales inconnues consciemment, mais pourtant encodées inconsciemment, loyautés qui vont conditionner sa vie. En gros, si des histoires de violences conjugales, de maltraitance, de manipulation… ont eu lieu chez les ancêtres de la personne concernée (et non pas nécessairement chez ses parents), cette dernière est exposée au risque de vivre la même chose dans sa vie. Là encore, la psychogénéalogie peut-être d’une aide précieuse pour travailler sur sa lignée et s’épargner une reproduction inconsciente. Si le sujet vous intéresse, vous pouvez lire Anne Ancelin Schützenberger : « Aïe, mes aïeux », Alexandro Jodorowsky : « La famille, un trésor, un piège », etc…

 

Donc voilà, pour résumer, les racines d’une relation fionique se trouvent souvent dans votre histoire familiale.

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2. Les croyances erronées

 

Ce sujet est plutôt traité par la psychologie cognitive, mais aussi par certains courants alternatifs.

 

Le modèle cognitif de Beck, par exemple, suppose que nos expériences de vie (les émotions rattachées à ces expériences pour être plus précise) nous conduisent à établir des croyances. Ces croyances vont orienter notre manière d’interpréter la réalité, et vont même initier des règles que l’on trouvera logique, et ce même si elles ne le sont pas factuellement parlant ! Par exemple, un enfant qui a un parent qui maltraite l’autre parent peut en déduire que c’est un schéma parental classique, « normal », qu’il est logique qu’une relation suppose un rôle de victime et un rôle de bourreau.

 

Cette croyance entraînera des pensées automatiques, des pensées qui masqueront des faits qui ne collent pas aux croyances du sujet. Pour reprendre l’exemple ci-dessus, l’enfant verra toujours des rapports de force dans n’importe quelle relation (dans sa famille élargie, à l’école, entre lui et ses camarades, entre lui et ses professeurs, etc…), et ne sera pas capable de voir que certaines relations ne suivent pas la logique qu’il s’est construite. Je vous laisse imaginer ce qui peut se passer pour cet enfant à l’âge adulte, et la nature éventuelle de ses relations (professionnelles, amoureuses, parentales)…

 

Si le sujet vous intéresse et que vous n’êtes pas hermétiques à des approches plus « métaphysiques »,  je vous invite à lire « La guérison spontanée des croyances » de Gregg Braden : cet ouvrage propose des exercices vous permettant de relier vos croyances actuelles à votre histoire, mais aussi de construire de nouvelles croyances si vous jugez que les vôtres sont limitantes pour vous.

 

 

3. Le triangle de Karpman

 

Le triangle de Karpman, appelé aussi le triangle dramatique, est un scénario de communication que l’on peut retrouver dans certains groupes, certains couples, et qui génère nécessairement un échange contre-productif voué à l’échec. Ce triangle suppose que l’on se place (le plus souvent inconsciemment) dans l’un des trois rôles suivants : celui de la victime, du persécuteur ou du sauveur.

 

Le triangle de Karpman me fait personnellement penser au jeu poule/renard/vipère de nos cours de récréation : le renard mange la poule, la poule pique la vipère, et la vipère mord le renard. Eh bien là, c’est un peu le même principe. Dans ce scénario, le bourreau s’en prend à la victime, la victime est secourue par un sauveur, et le sauveur a besoin du persécuteur pour avoir une victime à défendre ! « Parfaite » complémentarité, n’est ce pas ?! Bien sûr, je simplifie ce scénario au maximum. Pour pousser la logique un peu plus loin, une maladie, une dépendance, peuvent faire office de persécuteur pour une personne qui adopte le rôle de victime (consciemment ou inconsciemment, par habitude, par réflexe de survie, ou par choix, etc…). Le sauveur, lui, tire une satisfaction narcissique dans le rôle qui est le sien, ce qui le pousse (inconsciemment dans la grande majorité des cas) à souhaiter la présence d’un persécuteur à confronter pour sauver vaillamment sa victime ! Si vous prenez le temps d’analyser les scénarios de communication dans lesquels vous vous trouvez (chez vous, dans votre famille, au travail…), il y a fort à parier que le triangle de Karpman se joue dans l’un d’entre eux (au moins…).

 

Bien sûr, le triangle de Karpman ne suppose pas nécessairement une manipulation fionique. N’oublions pas que nous sommes tous des manipulateurs, ce qui ne fait pas de nous des manipulateurs pathologiques pour autant (à ce sujet, je ne peux que vous recommander le livre « Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens » de Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois !). Alors, pourquoi vous parlé-je de ce satané triangle ? Eh bien, pour vous inviter à prendre conscience des rôles que vous pouvez jouer inconsciemment dans la communication, de votre part de responsabilité dans cette distribution, responsabilité qui ne vous accuse ni ne vous condamne de quoi que ce soit, mais qui vous offre le pouvoir de renverser la situation et donc, de vous extirper d’un rôle inadéquat !

 

 

4. Cas pratique

 

Je vais vous donner un exemple qui relie les trois sujets abordés depuis le départ (la zone de confort familiale, les croyances et le fameux triangle) : vous avez grandi dans une famille où la communication reposait sur un triangle dramatique. Votre père, dominant, manipulateur, voire pervers, joue le rôle de persécuteur envers votre mère, vous-même, vos frères et sœurs. Le reste de la famille endosse donc le rôle de la victime. Mais l’un de vos frères ou l’une de vos sœurs refuse ce rôle de victime, et se protège en adoptant le rôle de sauveur (il se peut aussi que ce soit vous qui adoptiez ce rôle bien sûr). A l’âge adulte, que se passe-t-il ? Votre zone de confort est le triangle dramatique, et le(s) rôle(s) que vous y avez joués (tantôt victime, tantôt sauveur, tantôt persécuteur, pourquoi pas, car l’on peut jouer tous les rôles, les places n’étant pas nécessairement figées). Vous êtes outillé(e) pour évoluer dans ce climat triangulaire, et donc… inconsciemment attiré(e) par des schémas similaires dans les différentes sphères de votre vie. J’aime autant vous dire que ce schéma est un facteur de risque qui vous expose à une rencontre fionique avec un manipulateur qui, pour le coup, n’est pas un manipulateur du dimanche, mais un manipulateur psychologiquement malade… Ce facteur de risque est, de plus, totalement exacerbé si vous croyez (consciemment ou non) que vous êtes condamné(e), de toute façon, à ce genre de rapports (malsains) avec autrui, et/ou avec votre futur(e) conjoint(e)… puisque, après tout, toute relation s’organise logiquement de cette manière selon vous !

Comme vous pouvez le voir, les germes du fionisme qui vous pourrit la vie étaient, là encore, antérieurs à la rencontre avec votre fion(ne)…

 

 

Voici donc quelques pistes de réflexion à explorer pour prendre le mal à la racine et ainsi se couper définitivement de relations dysfonctionnelles fioniques. Je pourrais pousser le sujet beaucoup plus loin, en vous évoquant notamment les complicités malsaines que l’on peut retrouver dans des couples (amoureux, professionnels…) où la frontière entre le persécuteur et la victime n’existe plus (chacun des protagonistes étant à la fois persécuteur ET victime). Mais je vais m’arrêter là, la « chance » que vous soyez dans ce genre de configuration étant minime (dans le cas contraire, vous ne seriez pas sur ce site !). Non, je vais plutôt enchaîner sur un article visant à distinguer le fion/la fionne (manipulateur/manipulatrice malade au sens psychiatrique du terme) d’un manipulateur/d’une manipulatrice lambda. Pour quoi faire ? Eh bien, pour pouvoir vous livrer les interrogations (pour ne pas dire les inquiétudes) qui sont les miennes concernant les « nouvelles » valeurs supposées « normales », voire respectables, de nos sociétés modernes… Et pour pouvoir, enfin, terminer sur un sujet qui semble prendre une ampleur considérable : celui du fionisme dans le milieu universitaire et professionnel…

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Article suivant : 14. Fionisme : un nouveau paradigme ?

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