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Après avoir passé en revue les différentes pratiques fioniques de nos « grandes » universités, nous voilà rendus au fionisme au travail, véritable fléau qui nous a tous concernés (nous ou l’un de nos proches) au moins une fois dans notre vie.

 

Les stratégies fioniques sur les lieux de travail sont nettement plus emmêlées que les stratégies universitaires, puisqu’au service d’objectifs plus complexes. Pour illustrer mon propos, je vais énumérer des cas fioniques professionnels (dans tous les sens du terme !) et les stratégies fioniques à l’œuvre dans ces derniers, stratégies se combinant et fonctionnant en synergie.

 

Pour rappel, l’article « Méthodes fioniques » présente une liste (non exhaustive) des stratégies fioniques qui seront reliées, ici, à des cas concrets et malheureusement… authentiques…

 

 

Commençons par un grand classique :

  

1. Harcèlement, pression (de la part d’un collègue, d’un supérieur), lancement de rumeurs à l’encontre de quelqu’un dans le but de le décrédibiliser, de le destituer, de ternir son image, de le pousser à la faute… : cas fionique numéro 1 en milieu professionnel et sans aucun doute le plus connu. Faire subir un traitement aussi lamentable à quelqu’un suppose l’utilisation (conjointe) de stratégies fioniques telles que :

  • la calomnie : « Colomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose… »

  • l’attaque en cachette : l’agresseur fionique dissimule le plus souvent ses attaques frontales, histoire de ne pas susciter une adhésion de l’équipe en faveur de celle ou de celui qu’il maltraite

  • la dévalorisation de l’autre : de son travail, de son implication, de son attitude, voire même… de qui il est…

  • la menace ou le chantage ouvert : ben ouais… carrément !

  • le mensonge : par exemple, en accusant sa victime d’erreurs, de fautes… qu’elle n’a en réalité pas commises

 

 

Classique aussi, et particulièrement employée à l’université d’ailleurs, voici une autre situation à la portée de tous les agresseurs fioniques, novices comme chevronnés :

 

2. Donner une charge de travail impossible à réaliser, pour ensuite reprocher un travail non fait, mal fait, inachevé : oui, c’est moche ! Fioniquement parlant, ce cas suppose :

  • que l’on exige de vous une attitude irréprochable : attitude que vous ne pourrez pas tenir, compte tenu d’exigences que vous ne pourrez pas satisfaire (ex : On vous obligera à caler en 1 heure 5 rendez-vous de 20 minutes chacun ! Pas besoin d’être un grand matheux pour réaliser que cela risque d’être compliqué…)

  • de verbaliser des consignes ambigües, paradoxales : ces consignes seront impossibles à accomplir car pas claires, voire incompréhensibles. Pour vous faire concrètement une idée, je ne peux que vous renvoyer à l’exemple donné ci-dessus !

  • d’être flou(e), et/ou de demander une chose et son contraire : par exemple, vous demander de faire une activité foot avec les enfants que vous encadrez… alors que vous n’avez pas de ballon !!!

 

 

Il faut savoir que le/la collègue ou le/la supérieur(e) fionique prend plaisir à faire chi.. le monde, et il/elle s’y prend souvent comme ça (ça ne mange pas de pain) :

 

3. Perturbation du travail d’autrui : en glissant systématiquement des peaux de bananes, ou en demandant à ce que le travail soit refait sans raisons valables. Voici les stratégies fioniques qu’il/elle utilise pour cela :

  • valorisation et dévalorisation : et ce uniquement dans le but d’assoir son pouvoir personnel à des fins non professionnelles

  • mensonges (encore…) : dossiers perdus, bugs informatiques, manipulation malheureuse, supposée demande de la hiérarchie… l’agresseur fionique ne manque jamais d’imagination…

 

4. Refus systématique de toute demande : et ce même de demandes légitimes (poser un jour pour un enterrement, une semaine pour l’hospitalisation d’un enfant, etc…). Oui, là, l’agresseur fionique est en roues libres, la peine (pour autrui) et la honte (de lui-même) étant des émotions qu’il ne ressent plus depuis longtemps désormais. Non, à la place, il :

  • joue d’une relation de dépendance : ici, la dépendance, contrairement à une situation amoureuse, n’est pas émotionnelle mais factuelle. C’est une dépendance issue d’une hiérarchie tout simplement, où celles et ceux qui sont en bas de la pyramide sont sous les ordres de celles et ceux qui sont plus haut

  • empêche quelqu’un de satisfaire ses désirs : pourquoi ? parce que ça lui fait plaisir !

 

 

Après l’échauffement, passons aux choses sérieuses. La maîtrise d’un grand savoir-faire fionique s’impose pour accomplir ce qui va suivre :

 

5. Pousser quelqu’un à faire ce que l’agresseur fionique attend de lui sans le lui demander : par exemple, pousser celle ou celui que l’agresseur fionique veut virer à démissionner ! Pour cela, il jonglera avec les stratégies suivantes :

  • menace ou chantage ouvert : le/la fion(ne) (pathologique ou de circonstance) n’en est pas à son coup d’essai… Cette stratégie est grossière, mais bon… elle peut quand même s’avérer efficace

  • cacher pour mieux montrer (ou induction) : beaucoup plus de finesse avec cette méthode qui est contraire à la première, méthode idéale pour instaurer un climat pesant dans lequel la victime ne sait pas à quelle sauce elle va être mangée : elle sentira qu’elle est sur la sellette, alors que son/sa supérieur(e) fionique lui affirmera le contraire. Néanmoins… ce dernier/cette dernière ne manquera pas de suggérer à son employé(e)  que le ressenti qui est le sien traduit peut-être, en fin de compte, sa propre envie de partir !!!

 

6. Changer constamment les règles d’organisation sans le dire à tout le monde : c'est-à-dire créer une situation qui permettra à votre supérieur(e) fionique de faire d’une pierre deux coups : perturber l’équipe de travail (en chahutant ses membres, pour le plaisir, comme d’habitude) et surtout… monter ces derniers les uns contre les autres (je développerai ce deuxième point en 7.). Pour cela, il/elle :

  • est flou(e) : c’est redondant certes, mais efficace…

  • est contradictoire : en disant, cette fois-ci, une chose et son contraire non pas dans la même phrase, mais selon les personnes à qui il/elle s’adresse

  • attaque en cachette : en dissimulant les changements à certains, pas à d’autres

  • culpabilise : en supposant que celles et ceux qui n’ont pas eu l’information ont compris de travers…

  • dévalorise : certains sont dignes d’avoir l’information, les autres sont trop c… pour comprendre !

 

7. Monter les gens les uns contre les autres : Eh oui, la consécration pour un(e) fion(ne) est d’amener les autres à se battre tout seuls, comme des grands, à se suspecter entre eux, sans qu’il/elle n’ait plus rien à faire ! Sachez, pour celles et ceux qui ne l’ont pas déjà remarqué, que nos gouvernements font exactement la même chose avec nous ! Dans une telle entreprise, tout un arsenal de méthodes fioniques est à l’œuvre, arsenal comprenant :

  • toutes les stratégies utilisées en 1.

  • le cloisonnement des gens entre eux : bons VS mauvais éléments, collaborateurs VS rebelles, etc…

 

 

Et alors, l’heure de gloire du management fionique sera à portée de main quand la responsabilité du mal fait à autrui sera partagée par l’ensemble de l’équipe. Pour cela, il faudra :

 

8. Rendre certains de ses collègues/subordonnés complices et auteurs d’agissements fioniques : en :

  • utilisant, à nouveau, toutes les techniques du 1. : à l’encontre de celles et ceux qui font encore de la résistance

  • affirmant le contraire de ce qu’il/elle pense : ben oui, pour faire ses pires coups bas, le/la collabo fionique simulera être du côté de celle ou de celui qu’il/elle compte évincer…

  • étant serviable, et en usant de compliments, de flatteries : et ce dans le même objectif que celui décrit juste au dessus…

 

9. Valoriser la délation et ses auteurs : voire valoriser un(e) rebelle pour le/la faire passer pour un(e) collabo…

 

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L’heure de gloire du management fionique sonnera enfin quand la responsabilité du mal fait à autrui sera entièrement reléguée à l’équipe et à ses membres, membres qui se sentiront:

- fiers, courageux et vaillants de s’éliminer (s’auto-réguler en langage fionique) pour sauver leur peau

- dignes de la firme dans laquelle ils ont l’immense privilège d’être esclaves (travailleurs en novlangue fionique)

 

 

Tous les cas évoqués dans cet article n’ont pas lieu partout, les dernières situations concernant plutôt certaines grandes entreprises, et puis certaines « grandes » écoles aussi, où les étudiants finissent, sans que l’on ait à les pousser de trop, à se détruire entre eux pour s’assurer une place.

 

Quelques cadres, employés… se réveillent et claquent la porte (à temps, ou à l’issue d’une dépression, d’un burn-out…), pendant que d’autres évoquent leurs conditions de travail avec une désolation timide, timide car… les avantages qui sont les leurs en valent la chandelle après tout. Et puis, de toute façon, « c’est pareil partout », « c’est comme ça », alors… à quoi bon ?

 

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« C’est comme ça… », vraiment ? Ce « c’est comme ça… » traduit, au final, la croyance de plus en plus courante selon laquelle ce type de fonctionnement est dans l’ordre des choses, naturel, « normal ». J’en doute fort pour ma part… et vous ?

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