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L’université est aujourd’hui un lieu où les techniques fioniques ont très largement remplacé ce que l’on appelait, jadis, la pédagogie (la péda… quoi ?!). Non, aujourd’hui, plus question d’enseignement dans nos « grandes » facultés, ces dernières étant occupées à :

 

1. Vous sélectionner, c'est-à-dire à éliminer le plus d’étudiants possibles (officiellement, par souci d’excellence, officieusement, par souci de conserver les éléments les plus dociles qui ne remettront pas en question leurs enseignements ni leurs disciplines)

 

2. Vous formater, pour celles et ceux qui auront la chance (ou le malheur) de poursuivre cette belle aventure jusqu’à l’obtention de leur diplôme

 

Bien sûr, il existe encore de (très) rares facultés qui font exception, quelques disciplines moins touchées que d’autres aussi, et de (très) rares professeurs qui tentent de relever le niveau, professeurs pour lesquels j’ai personnellement un grand respect et une profonde admiration. Mais leurs actions, aussi louables soient-elles, sont écrasées par une institution qui n’est plus, depuis belle lurette, au service de l’éducation et des étudiants.

Non, les facultés ont troqué leurs outils pédagogiques contre des outils fioniques.

 

Ces outils sont primaires, l’institution n’ayant pas besoin de combiner différentes méthodes fioniques en un seul et même outil, du fait que les buts de la faculté sont très simples (je vous le rappelle : vous sélectionner en 1, vous formater en 2). On verra, dans l’article « Fionisme au travail », que les outils fioniques employés dans le milieu professionnel sont nettement plus aboutis, car au service d’objectifs plus complexes (ex : Virer quelqu’un sans avoir le droit de le faire, disloquer une équipe de l’intérieur, etc…)

 

Ainsi, voici ci-dessous les méthodes fioniques largement exploitées dans la majorité des universités (et certaines disciplines en particulier), méthodes que j’illustrerai par des exemples concrets (j’insiste là-dessus, ces exemples ne sont pas fictifs mais bien des cas véritables !!!)

 

 

C’est parti !

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Le but premier de la faculté dans laquelle vous venez étudier est de vous virer (de vous sélectionner pardon). Pour cela, elle va commencer par :

 

1. Exiger de vous une attitude irréprochable : à la fac, ça se traduit par le fait de vous soumettre à des exigences démesurées que vous ne pourrez pas satisfaire. Concrètement, ça donne ça :

 

  • vous donner des objectifs impossibles à atteindre, tels que vous demander d’apprendre par cœur des centaines et des centaines de pages en un temps très court

 

  • le jour du partiel, vous poser une question sur un détail insignifiant (décrit en 6 lignes dans un cours de 160 pages, détail sur lequel il n’y a rien à dire donc), et non pas sur le sujet étudié, ce qui aurait pourtant permis de rendre compte de votre compréhension et de votre maîtrise du cours en question

 

  • le jour de la notation, vous sanctionner quelque chose qui est juste, mais qui n’est pas retranscrit mot pour mot (ex : « Les personnes sont plus extrêmes quand leur attitude et leur jugement les engagent personnellement que quand ce n’est pas le cas  » est une phrase qui vous vaudra un zéro pointé, la réponse attendue étant la phrase suivante, et cette phrase seulement : « Les personnes donnent des propos plus extrêmes lorsqu’elles discutent de leurs propres attitudes que lorsqu’elles font un jugement qui ne les engage pas »…)

 

 

Pour être sûrs de vous sélectionner avec la plus grande justesse et le plus grand professionnalisme, vos professeurs vont aussi :

 

2. Répondre (ici, demander plutôt) de façon floue : en disant, par exemple, une chose et son contraire dans la même phrase. Concrètement, ils vous donneront des consignes, vous poseront des questions qui ne sont pas claires, paradoxales, et qui feront que vous répondrez forcément à côté (ex : Contradiction sur un point précis dans un cours, et, le jour du partiel, question sur ce point précis justement (sur cette contradiction donc) : la réponse apportée sera forcément fausse, car « juste » à la ligne 13 du cours, mais « fausse » à ligne 110 de ce même cours). Pour info, le partiel en question était un QCM, et de nombreuses questions répondaient à cette logique. Erreurs malheureuses ? Grand dieu, bien sûr que non…

 

 

La compétence étant leur maître mot, ils vont plus loin, encore plus loin, en :

 

3. Faisant un combo entre le mensonge et l’attaque dissimulée : cette stratégie fionique se traduira, entre autres, par le fait de vous demander de ne pas apprendre telle partie du cours, pour faire porter le partiel sur cette partie précise, et cette partie seulement…

 

 

Bon là, à ce stade, certain(e)s d’entre vous commenceront sérieusement à se poser la question suivante : « Les techniques de sélection ne seraient pas une vulgaire truanderie sans panache par hasard ?! » On vous répondra en :

 

4. Niant les évidences et en affirmant de fausses vérités invérifiables : et plus précisément :

 

  • en utilisant à outrance la technique n°2, qui, après les demandes floues, permute en réponses floues. Concrètement, vous y aurez droit quand vous ferez la preuve que la mauvaise note qui vous a été donnée n’est pas méritée par exemple (ex : « Ça manque de précision » veut dire, en langage fionique : « Tu as reformulé la phrase, et c’est maaal, au bûûûcheeer ! »)

 

  • en vous affirmant, le jour de la consultation, que votre copie a… été perdue, et ce sous un prétexte fallacieux (le 6ième accident de voiture de l’année, la 20ième mauvaise bronchite de l’enseignant concerné, le 3ième décès de sa mère, etc…). Étrange correspondance avec la méthode fionique consistant à changer de conversation ou fuir l’entretien, non ?!

 

  • en vous mentant effrontément pour justifier l'annulation de la consultation, carrément ! (le 7ième accident de voiture de l’année, la 21ième mauvaise bronchite de l’enseignant concerné, le 4ième décès de sa mère, etc…). Tiens, j’ai l’impression d’avoir déjà écrit ça quelque part… 

 

 

Au risque de vous contrarier, je vous rappelle que vous avez affaire à l’élite s’il vous plaît ! Une élite de pacotille certes, mais une élite quand même ! D’ailleurs, celle-ci, par souci de crédibilité :

 

5. Fait croire en sa supériorité : en s’octroyant des droits que nous, pleutres, n’avons pas, en revendiquant un statut d’expert qui place cette fine équipe au dessus des règles élémentaires. Ainsi, cette élite universitaire s’autorisera :

 

  • à donner des cours médiocres, voire incompréhensibles, bourrés de fotes d’ortaugrafe, pour, dans le même temps, reprocher aux étudiants des devoirs médiocres, incompréhensibles, bourrés de fautes d’orthographe…

 

  • à donner des informations non sourcées, et reprocher dans le même temps aux étudiants de ne pas sourcer leurs travaux…

 

  • à plagier ses cours, et, dans le même temps, à pénaliser les étudiants pour plagiat…

 

  • à arriver systématiquement en retard, et, dans le même temps, à ne pas tolérer les retards des étudiants…

 

  • à ne pas anonymer les copies, donc, à prendre la liberté de pénaliser ou de favoriser certains étudiants sur des critères autres que la qualité de leurs devoirs

 

  • à donner la même note à tout le monde (10/20)… sous un prétexte toujours non élucidé à ce jour !!! A noter que cette perle n’a finalement pas été appliquée, et que notre chère élite universitaire s’est vue contrainte de faire marche arrière, n’ayant que peu apprécié la divulgation de l’affaire dans les médias… (eh oui, ça choque encore ce genre de choses, mais bon, d’ici quelques années ça passera crème, don’t worry…)

 

 

Qui dit élite dit… gueux, miséreux, besogneux ! C’est de nous dont je parle mes chers lecteurs, et, croyez-moi, cette charmante élite vous l’explique mieux que moi, notamment en vous :

 

6. Dévalorisant : comme ça :

 

  • en s’adressant aux étudiants comme à des chiens, de façon autoritaire, voire humiliante (bon, pas tous hein, la plupart des enseignants savent se tenir quand même !)

 

  • en laissant les étudiants sans réponse (en ne répondant pas aux mails par exemple, mails importants en particulier, tels les mails de suivi de mémoire)

 

  • en donnant des notes lamentables à des devoirs réussis, et de bonnes notes à des devoirs ratés : ce point est très intéressant, car, en plus de signifier un mépris et une insulte à la compréhension des étudiants, ce point illustre l’inversion des valeurs dont je faisais mention dans l’article précédent « Fionisme : un nouveau paradigme ? »

 

 

Et puis, pour le plaisir, notre chère équipe pédafionique aime aussi :

 

7. Utiliser le dernier moment pour faire agir autrui : en transmettant les informations à la dernière minute (annoncer un rattrapage de cours la veille pour le lendemain par exemple), et en sanctionnant ensuite les absents qui n’auront pas pu venir…

 

 

Mais… ne soyons pas si durs avec nos maîtres, car, en réalité, ils sont « mimis tout plein», et ne font que subir les diktats de leurs maîtres à eux ! Ils vous l’expliqueront, la larme à l’œil et le visage déconfit, au travers de la classique :

 

8. Victimisation : ils sont victimes, tout comme vous ! Oui, tous ces agissements fioniques sont la manifestation de défaillances venues d’en haut ! Aux armes bande de cons (heu… chers étudiants), bloquez la fac, faites savoir votre mécontentement, on vous regarde… (heu… on est avec vous !)

 

 

Mes chers étudiants, à quand des actions collectives enfin constructives en faveur d’un enseignement digne de ce nom ? Un enseignement conduit non plus par des planqués préoccupés par leur place et tous les avantages qui vont avec, mais par de vrais enseignants pour qui les valeurs éducatives ont encore un sens ? A quand une université formant des esprits critiques, à défaut de gaver les têtes comme des oies ? A quand des actions qui rassemblent les étudiants au lieu de les diviser ? Pour les étudiants qui subissent un retournement de cerveau de ce genre (= "enseignement" en langage fionique), je n’ai qu’une chose à vous dire : réveillez-vous !

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Article suivant : 16. Fionisme au travail

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